On pensait le réchauffement climatique à l’origine ou comme conséquence d’un ralentissement des courants océaniques. Une nouvelle étude indique le contraire : les courants océaniques s’accélèreraient, certainement poussés par des vents dont l’intensité augmente d’année en année.
Comment fonctionnent les courants océaniques ?
Les courants océaniques jouent un rôle majeur dans la régulation du climat. En effet, ils assurent à la fois le stockage et le transport autour du globe de chaleur, de carbone, de nutriments et d’eau douce.
La circulation océanique est régie par plusieurs facteurs comme le vent, la densité et la salinité de l’eau, ou la topographie des fonds marins. Elle est également soumise à des phénomènes dits d’upwelling – remontée des eaux froides des profondeurs vers la surface – et de downwelling – plongée des eaux chaudes de surface vers les profondeurs.
Jusqu’à présent, les différents modèles climatiques estimaient que le réchauffement climatique ralentirait les courants marins. En effet la fonte des calottes polaires, en augmentant la proportion d’eau douce dans les océans, réduirait la densité des eaux de surface aux pôles. Cela impacterait les phénomènes de downwelling en empêchant la formation d’eaux profondes, en particulier dans l’océan Atlantique et ralentirait ainsi toute la circulation océanique.
Le vent accélèrerait la vitesse des courants marins
Le 5 février 2020, une équipe de scientifiques publie une étude sur Science Advances, qui montre des résultats à contre-courant du consensus scientifique. Selon les auteurs de cette publication, Le réchauffement climatique contribuerait en fait à l’accélération des courants océaniques depuis le début des années 1990.
En cause ? La vitesse des vents, qui augmente de 2 % chaque année et contribuerait à l’accélération des courant marins jusqu’à 2 000 mètres de profondeur !
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé les mesures de l’énergie cinétique – l’énergie due au mouvement d’un corps – réalisées par des flotteurs du Global Marine Argo Atlas, qui permet de suivre les mouvements des eaux et ainsi de postuler quant à la vitesse de circulation océanique.
Dans leur étude, Shijian Hu et son équipe expliquent avoir mesuré une augmentation de la vitesse des courants marins d’environ 76 % dans les 2 000 premiers mètres sous la surface. Dans cette partie, 28 % des augmentations de la vitesse de circulation océanique est significative.
Accélération de la circulation océanique : quelles conséquences sur le climat ?
D’autres études seront nécessaires pour déterminer les conséquences possibles de cette accélération des courants marins sur le climat. Tout ce que les scientifiques constatent et sont en mesure d’affirmer pour le moment est que cette accélération de la vitesse moyenne de la circulation océanique provoque le déplacement de masses d’eau et de chaleur plus important. Sur des milliers de mètres de profondeur, la chaleur se transmet plus facilement aux abysses. Quelles seront les répercutions sur la vie abyssale ? Doit-on craindre un réchauffement des courants qui amènerait localement à de drastiques modifications climatiques ? Peut-être en apprendrons-nous davantage ces prochains mois.
Pour aller plus loin
La circulation océanique – Plateforme Océan & climat
Deep-reaching acceleration of global mean ocean circulation over the past two decades – Hu S. et al., 2020